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De Riyad à Saint-Nazaire : Qui Pilote Vraiment Notre Culture ?

lundi 20 octobre 2025, par el-Gemini, L Babin

Les mondes de la finance mondiale, de la technologie de pointe et de la culture locale semblent souvent évoluer dans des sphères complètement séparées. Pourtant, sous la surface, ces univers s’entrechoquent et fusionnent, créant des ondes de choc qui redéfinissent notre réalité créative. Cet article se propose de dévoiler quelques-unes des conclusions les plus étonnantes tirées de ces intersections inattendues.

1. Le futur du jeu vidéo se décide à l’échelle géopolitique

Le rachat d’Electronic Arts (EA) est bien plus qu’une simple transaction financière ; c’est un événement majeur qui redéfinit l’industrie du divertissement interactif. Il s’agit d’une opération de rachat avec effet de levier (LBO) de 55 milliards de dollars en espèces, la plus importante de son genre enregistrée.

Derrière cette opération colossale se trouve un consortium stratégiquement assemblé, qui inclut des acteurs étatiques de premier plan comme l’Arabie Saoudite. L’implication stratégique est claire : il ne s’agit pas seulement d’un investissement, mais de l’acquisition de « soft power », cette capacité à façonner les récits mondiaux et les produits culturels consommés par des millions de personnes.
Des transactions d’une « échelle et d’une complexité historiques » comme celle-ci concentrent le contrôle et l’orientation future d’une part significative de la production créative mondiale entre les mains de quelques acteurs financiers et étatiques majeurs. Ce n’est plus seulement le code qui détermine le jeu, mais la géopolitique qui en dessine les frontières.

Cette concentration de pouvoir ne vise pas seulement les infrastructures de divertissement ; elle s’attaque à la nature même de la valeur dans notre époque.

2. La créativité est la nouvelle monnaie (et l’IA est son outil)

Nous sommes entrés dans ce que certains appellent l’« Aquarius Age Economy ». Dans ce nouveau paradigme, la valeur économique s’est déplacée des biens physiques et du travail manuel. La nouvelle richesse n’est plus dans les usines, mais dans des actifs bien plus évanescents : l’information, la connaissance, la créativité et les données.
Même l’art traditionnel, pilier de la culture, n’échappe pas à cette transformation. L’intelligence artificielle (IA) joue un rôle croissant dans la création artistique, bien au-delà de la simple génération d’images.

Ce nouveau champ créatif a donné naissance à des compétences comme le « prompt engineering ». Il s’agit d’un savoir-faire complexe où l’artiste guide méticuleusement l’IA pour réaliser une vision unique. L’investissement dans ces nouveaux outils et compétences fait désormais partie intégrante du paysage financier qui soutient la créativité moderne.

3. La culture est un « combat » actif, pas un simple divertissement

Face à ces fractures mondiales, la culture se voit investie d’une mission qui dépasse le simple divertissement. Elle devient, pour reprendre une formule puissante, un véritable rempart.

« La culture c’est un combat contre l’obscurantisme... »

Cette vision positionne la culture comme un « combat social » pour garantir la libre expression de tous, mais aussi comme un « combat politique » dont l’objectif est de changer le monde. Dans cette optique, les secteurs créatifs ne sont plus de simples fournisseurs de loisirs, mais des acteurs essentiels qui luttent contre les forces engendrées par les conflits.

Si ces forces mondiales semblent abstraites, leur impact s’ancre de manière très concrète dans nos territoires, au point de transformer un personnage de fiction en icône locale.

4. Un personnage de BD peut devenir l’ambassadeur officiel d’une ville

Le lien entre la ville portuaire de Saint-Nazaire et l’univers de Tintin est un exemple parfait de la manière dont la fiction peut s’ancrer dans le réel. Hergé, le créateur de Tintin, a choisi de faire de Saint-Nazaire l’un des décors de l’album culte Les 7 Boules de Cristal, créant un héritage durable pour la ville.

Aujourd’hui, l’association « Les 7 Soleils » a pour raison d’être de rendre hommage à Hergé et de promouvoir le parcours de Tintin, Milou et du capitaine Haddock dans la ville. Le célèbre marin bougon est même devenu, selon les mots de l’association, un véritable « ambassadeur du patrimoine nazairien ».

Son attachement lyrique à la ville résonne encore à travers ses paroles.
« Et puis, pensez donc : Saint-Nazaire, le port, les quais, l’océan, le vent du large, les embruns qui vous fouettent le visage... »

Conclusion : La Nouvelle Architecture Culturelle

Ces exemples montrent que les liens entre finance mondiale, technologie de pointe et culture locale sont non seulement réels, mais qu’ils façonnent activement notre monde. Lorsqu’un fonds souverain s’empare d’un géant du jeu vidéo, il n’achète pas seulement des actifs, il acquiert une influence sur la nouvelle monnaie qu’est la créativité. Cette créativité, désormais assistée par l’IA, devient alors un enjeu stratégique, transformant la culture en un champ de « combat » idéologique dont les effets se ressentent jusqu’au patrimoine d’une ville portuaire française.

Alors que l’IA peut générer de l’art et que des fonds souverains achètent nos loisirs, qui sera le véritable auteur de la culture de demain ?